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Joséphin Soulary

pas ses classiques modernes… Je commence donc par l’Épithalame :

À minuit je m’éveille et la tête obsédée
Par les traits de l’enfant que j’épouse demain,
Je crayonne à tâtons quelque adorable idée
Sur le premier papier que rencontre ma main…

Les rimes du bonheur pleuvaient comme une ondée,
J’en étais à ces mots : « Couronné par l’hymen,
« L’amour est… » — Le sommeil me surprit en chemin
Et la phrase expira dans un rêve scandée.
 
Le jour enfin paraît. Honte à l’amant qui dort !
Vite, achevons. Que vois-je ! ô méprise risible !
J’avais écris mes vers sur un billet de mort.
 
L’hémistiche engagé dans le texte terrible
Alignait d’un seul trait ces six mots alarmants :
L’amour est… décédé muni des sacrements.

Sous le titre de Fureur poétique, Veuillot — qui se piquait de poésie, et cependant laisse un sonnet bien gaulois et merveilleuse-