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il était peut-être utile d'en raviver le tableau, pour qu’apparussent, plus nets, les exemples qu’elle comporte. Rappeler hier, c’est éclairer aujourd’hui.

La France, refaite, peut se remémorer avec franchise ; se doit de regarder en face ces heures où, en dépit de beaux élans, de grands sacrifices, d’admirables faits d’armes, sa conscience de peuple a fléchi.

En remettant en lumière les deux figures qui, après le désastre et à travers la lutte des braves gens, personnifièrent la nation, là Gambetta, inspirateur héroïque de la Défense nationale, ici Thiers, libérateur d’un territoire qu’il n’avait pas jugé bon de disputer par les armes jusqu’au bout, ce que nous prétendîmes montrer, c’est la nécessité impérieuse, vitale, de la guerre, de la guerre acharnée, quand elle défend le sol et l’avenir de la patrie ; c’est sa barbarie odieuse, quand elle ne sert que des intérêts de lucre et de conquête ; c’est sa dégradante imbécillité surtout, quand elle met aux prises des hommes du même terroir, — des frères.

La tâche, en ces dernières pages, nous fut particulièrement pénible. Mais, si parfois la plume nous sembla lourde, à décrire les temps d’angoisse où cédant — c’est le mot de Thiers — à « l’avachissement de l’esprit public », notre pays faillit tomber, sous l’invasion, en vain tenta de se