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DE LA REINE DE NAVARRE.

trouva si feible la dernière fois qu’elle vous escripvist, que je l’ay suppliée se contenter de la lectre de l’Empereur, que vous demandez en diligence, et l’ay asseurée que vous aimez mieux son repous que son escripture ; car l’ung la vous fera bientoust partir, et l’aultre l’a retardée pour sa douleur de teste, à quoy seulement le parler ou escouter luy fait mal ; et luy fault ung grant repous, qu’elle se contraint à prendre pour se fortifier, afin de bientoust vous aller voir. Quant à moy, Monseigneur, vous savez tant combien je desire recouvrer vostre veue, que je ne vous diray point l’envie que j’en ay ; vous merciant très humblement de l’aise et grant contentement que m’a fait l’honneur que j’ay receu par vostre lectre, par laquelle il vous plest me mander une si saige et honneste responce, que je ne puis faire doubte qu’il n’en sorte une fin telle que vous la desirez. Car en ne laissant riens de vostre force, vous recevez doulcement toutes chouses qui sont de raison, ayant le desir à la paix que je vous ay veu continuellement avoir. Par quoy, selon la loy de Dieu et de toute prudence humaine, il est impossible d’avoir mieux respondu. Corneille s’en est party tant satifait des bonnes paroles que vous luy avez tenues, qu’il espère bientoust voir telle conclusion que

de nostre temps n’a esté quasy esperée ; car il a asseuré la Roine qu’il n’a jamais veu l’Empereur en tel vouloir qu’il est, non seulement de la paix, mais mesmes d’une entiere parfaite alliance et amitié avecques vous ; obliant tout le passé pour faire une neufve regénéracion de fraternité. Ladicte dame me coumande vous