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SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.

torité et la garantie de quelqu’un. Or, je n’ai rencontré, malgré mes perquisitions assidues, personne qui ait pris la responsabilité de cette révélation. J’ai feuilleté, j’ai interrogé : les livres se taisaient ; les savants consultés avaient bien connaissance de l’accusation, mais comment cette connaissance leur était-elle venue ? c’est ce qu’ils ne pouvaient dire ; il était impossible de remonter à la source. Dès-lors je pris le parti de passer la chose sous silence, et de regarder cette rumeur comme une de ces calomnies tout à la fois effrontées et timides, nées dans la fange, en des temps de haines religieuses, et qui se propagent de siècle en siècle par l’écho de la tradition.

Tout à coup le hasard m’apporte un document inattendu ; document unique, incomplet peut-être, mais irrécusable : c’est une lettre de la main même de Marguerite, remplie d’allusions voilées, d’expressions obscures à dessein, et dont la première moitié serait impénétrable si la fin n’aidait à comprendre le commencement. Celle qui écrivait oublie peu à peu la prudence calculée dont elle s’était fait une loi, et comptant sur l’accomplissement de sa recommandation finale, nous laisse voir clair dans son cœur bien plus sans doute que la réflexion ne lui eût permis d’y con-