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DE LA REINE DE NAVARRE.

Vous DE LA REINE DE NAVARRE. voulonté, vous a tenu ung si fou propous que de

dire qu’elle vous supplioit qu’elle ne feust point mariée à M. de Cleves’, que je ne say, Monseigneur, ne ce que j’en doy penser, ne ce que je vous en doy dire, car je suis oultrée de douleur, et n’ay parent ny amy en ce monde de qui je puisse prendre conseil ni cousolacion. Et le roy de Navarre en est de sa part tant esbay et marry, que je ne le vis oncques plus couroucé ; car je ne pouvons penser dont luy procede cete grande hardiesse dont jamais elle ne nous avoit parlé. Elle s’ezcuze envers nous qu’elle est plus privée de vous que de nous mêmes ; mais cete privaulté ne doit pas engendrer une telle hardiesse, sans jamais, coume j’ai seu, s’en estre conseillée à personne, car si je savois créature qui luy eust mise telle opinion en la teste, j’en ferois telle desmonstracion, que vous, Monseigneur, connoistriez que cete folie est faite contre l’intencion du père et de la mère, qui n’ont jamais en ny n’aurontque la vostre. Par quoy, Monseigneur, saichant que

tume est plus d’escuzer les faultes que

de les pugnir, principalement où le sens deffault, coume il l’a fait à ma pouvre fille, je vous supplie très humblement, Monseigneur, que pour une requeste injuste qu’elle vous a fait, qui est la première faulte qu’elle a jamais faite envers vous, ne veuillez oublier la patervostre cous·

Guillaume III, duc de Clèves et de Juliers. Il avait alors vingtquatre ans, étant né le 28 juillet 1516 ; Jeanne d’Albret, née en janvier 1528, * en avait douze à peine.

  • Et non en 1532, comme il est dit dans une note des papiers d’ecat du

Card. Granvelle, t. 2, p. 569. II.

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