SUR MARGUERITE D’ANGOULEME. Le ciel s’abbaisse, et par amour dompté Vient admirer et voir le personnage Dont on luy a tant de vertu compté. C’est luy, lequel tout le divin lignage Des Dieux très haults ont jugé qu’il doibt estre Monarche, ou plus, si se peult davantage. C’est luy qui a grace et parler de maistre Digue d’avoir sur tous grace et puissance Qui, sans nommer se peult assez congnoistre. C’est luy qui a de tout la congnoissance, Et ung savoir qui n’a point de pareil, Et n’y a rien dont il ait ignorance. De sa beauté, il est blanc et vernieil, Les cheveux bruns, de grande et belle taille ; En terre il est comme au ciel le soleil ; Hardy, vaillant, sage et preux en bataille, Fort et puissant, qui ne peut avoir peur Que prince nul, tant soit puissant, l’assaille. Il est benin, doux, humble en sa grandeur ; Fort et puissant, et plein de patience Soit en prison, en tristesse et malheur. Il a de Dieu la parfaite science Que doit avoir ung Roy tout plein de foy Bon jugement et bonne conscience ; De son Dieu garde l’honneur et la loy ; A ses subjets doux, support et justice ; Bref luy tout seul est digne d’estre Roy. On voit par cet échantillon, que, dans les vers de la reine de Navarre, il y a peu de poésie, à proprement parler. On confondait alors, et cette confusion a duré jusqu’à la fin du xvie siècle, la
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SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.