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LA COCHE

Allez où sont dames ou damoyselles :
Comme un Soleil au mylieu des estoilles,
Vous la verrez parmy toutes les dames.
Si par vertu son nom se doit congnoistre,
Voyez ses faits, qui ne sont point cachez,
Tous pleins d’honneur, de nul vice tachez.
Vous la verriez dessus toutes paroistre :
De ses biensfaits chacun luy rend louenge,
Ils sont congnuz de toutes gens de bien ;
Pour ses amys elle n’espargne Rien,
Et des meschants ennemis ne se venge.
Si on congnoit le nom par la fortune,
Des biens, d’honneur, de richesse et faveur,
Voyez qui ha de son maistre et seigneur
Ce qui luy plaist, sans luy estre importune.
Mais tous les biens qu’elle en peut recevoir
Ne luy sont rien : car seulement heureuse
Se tient de voir par amour vertueuse
Tenir les cœurs unis comme on peult voir
Les cœurs du plus parfait et plus parfaite
Que l’on peult voir ; en qui Dieu et Nature
N’ont Rien obmis de ce que creature.
Pour acquérir perfection, souhaite.
Acceptez donc ma dame la Princesse,
Qui en vertus et honneur passera
La plus parfaite qui fut ne qui sera,
Ne qui fut onc ; à elle je m’adresse.