Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 4, éd. Frank, 1873.djvu/217

Cette page a été validée par deux contributeurs.
205
LA COCHE.

Prenant trop plus de plaisir à l’ouir
Qu’en ce que plus me souloit resjouir.
Ainsi parlant, pensant toute seule estre.
Je vey de loing trois Dames apparoistre,
Saillans d’un bois hault, fueillu et espès,
Dont un ruisseau trescler, pour mettre paix
Entre le bois et le pré se mettoit.
Portant le noir, et l’une et l’autre estoit
D’une grandeur ; colletz, touretz, cornettes,
Couvroient leurs colz, leurs visages et testes.
Leurs yeuz je vey vers la terre baissez,
Et de leurs cœurs, par trop d’ennuy pressez,
Sailloyent souspirs, dont tout l’air resonnoit ;
Mais un seul mot leur bouche ne sonnoit.