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comédie.

Souvent le bien que j’ay perdu.
Mon malheur avez entendu,
Qui de mon cœur n’est arraché.
Vous n’en aurez meilleur marché :
Car le temps, qui vous fait present
D’aise et plaisir à present,
Ainsi qu’il ha d’Amour le feu
Dens vostre cœur mis peu à peu,
Ainsi peu à peu l’estaindra :
Dont telle douleur soustiendra
Vostre esperit et vostre corps,
Que l’Ame en saillira dehors,
S’elle n’est de Dieu arrestée.
Helas ! je vous voy apprestée
De souffrir autant de tourment
D’amour que de contentement,

La II. Fille.

Hau, grand Vieille, qui vous croiroit
En grand’peine et douleur seroit.
Mais plustost la Mer haulseroit
Et le hault Ciel s’abbaisseroit.
Qu’il m’advint fortune pareille.
Je ne croy point ceste merveille.

La Vieille.

Ma fille, par là passerez,