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comédie.

Mais ce Mary me fait payer l’amende
Où je n’ay fait ny peché ny erreur.
Devant chacun parle à mon Serviteur,
Qui ne me veult qu’obeïr et complaire,
Si sagement que, hors un faulx menteur,
Nul ne me peult accuser de mal faire.
Las, ce fascheux bien souvent me fait taire.
Où le parler me plairoit beaucoup mieux.
Et destourner, pour mieux le satisfaire.
D’un lieu plaisant en grand regret mes yeux :
Car, s’il m’y voit parler, tout furieux,
Devant les gens fait myne si estrange
Que force m’est, suyvant les aymez lieux,
Qu’un bon propos en un fascheux je change,
Cest un ennuy qui mon cœur ronge et menge.
Mais quand je veux ce malheur eviter,
Et que du tout à son vouloir me renge,
Pour le garder de tant se despiter,
Sans faire rien qui le puisse irriter,
Il entre lors en plus grand resverie
De jurer Dieu, de Diables inviter.
De m’accuser de toute menterie.
Et si seroit folie ou moquerie
De le penser appaiser par douceur.
Il n’a repos que de me voir marrie,
Et mon repos augmente sa fureur.
Cent mille noms, pour croistre ma douleur,