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Charles de Sainte-Marthe. Le bon Sainte-Marthe s’indigne du silence de certains poètes : « Voilà six mois, dit-il à la France, que le sort t’a ravi cette Marguerite sans égale, ta gloire et ta lumière… Ils ont enseveli le corps et le nom tout ensemble, et entre tous ces poètes que nourrit ton sol, pas un qui ait pieusement honoré son noble sépulcre. Ils rélevaient jusqu’au ciel dans leurs éloges, ils l’admiraient, leur empressement savait prendre tant de formes, aussi longtemps qu’elle vécut ! Elle est morte, et nulle mention d’elle ; Macrin, Bourbon…, Saint-Gelais, Héroët, Salel…, tous dorment, tous sont muets.[1]  »

Un an après la publication de L’Hecatodistichon, Dorat, Baïf, Denisot et quelques autres en donnaient, sous le titre de Tombeau de la royne de Navarre, la traduction en trois langues : grecque, italienne et française [2]. L’éloge de la reine était répété aussi en grec, en latin et en français dans nombre de pièces diverses de ces poètes et d’autres beaux-esprits ou savants : Macrin, Bourbon, Claude d’Espence, théologien, Matthieu Pacus, jurisconsulte, les célèbres médecins Jean Tagaut et Jacques Goupil, J. Morel d’Embrun, enfin Ronsard, touchés

  1. Jam sextus prope mensis est… dormiuntque silentque.
  2. La traduction était accompagnée du texte dans ce volume, dont voici le titre complet : « Le Tombeau de Marguerite de Valois, Royne de Navarre, faict premièrement en Disticques latins par les trois Sœurs Princesses en Angleterre. Depuis traduictz en grec, italien et français par plusieurs des excellents Poètes de la France. Avecques plusieurs Odes, Hymnes, Cantiques, Epitaphes sur le mesme subject. — À Paris. De l’imprimerie de Michel Fezandat et Robert Gran Jon au mont S. Hilaire à l’enseigne des Grands Jons, et au Palais, en la boutique de Vincent Sartenas. 1511. » (Pet in-8o.)