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dol, et l’auto-da-fé de Meaux, où figurent quatorze potences, couronneront dignement cette série d’horreurs, auxquelles répond la publication du fameux livre de l’Institution chrétienne[1] , par Calvin, dont Genève devient la citadelle, tandis qu’Érasme, le précurseur timide du mouvement protestant, meurt débordé par le flot de la Réformation, et que François Ier débordé d’un autre côté, ne rougit pas de décréter, en 1535, la suppression de l’imprimerie !

Pour Marguerite, si l’on veut la suivre jusqu’au bout et savoir comment elle résiste au choc de tant d’événements, qu’on lise ses lettres : on l’y verra aidant toujours François Ier des conseils d’un esprit délié et d’un sens exquis ; écrivant, courant de Valence au camp d’Avignon, de là en Picardie ; conférant avec les capitaines, s’employant de mille façons au service de l’État, et, entre mille soucis politiques, intercédant encore (1537), avec les députés de Bâle, Berne et Strasbourg, qu’elle reçoit à Paris, pour les protestants emprisonnés. Ici, comme ailleurs, on la verra rencontrant l’opposition fanatique de l’ingrat et farouche Anne de Montmorency, bien digne du surnom de capitaine brûle-bancs : dès qu’il n’eut plus besoin de son appui, il tenta plusieurs fois d’exciter contre elle la colère du roi et de l’envelopper dans la proscription de ceux qu’elle avait osé défendre. Il faut reconnaître que François Ier refusa de prêter l’oreille aux accusateurs forcenés de Marguerite ; c’est

  1. La première édition latine de l’Institution de la doctrine chrétienne que l’on connaisse parut en 1536 (la dédicace au roi porte la date de 1535) ; la première version française est de 1540.