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ce n’était pas au nom d’une froide rhétorique ou d’une niaise galanterie que tous les hommes remarquables de l’époque, saluant ce « chef royal de vertu couronné »[1] , chantaient en chœur les louanges

De Marguerite humaine, douce et sage.

Elle était dans toute la splendeur de l’âge, de l’esprit et de la beauté, quand la parole des amis de la Réforme avait commencé de faire sur elle une impression profonde, vers 1521. L’esprit d’examen s’était déchaîné et soulevait l’Allemagne à la voix de Luther. Marguerite, contemporaine de ces grands mouvements, put voir la naissance, le progrès, les luttes du protestantisme en France et hors de France. Erasme, Luther, Calvin, ont accompli leur tâche sous ses yeux. Autour de Le Fèvre d’Étaples, docteur en Sorbonne et l’un des plus savants hommes de France, un de ceux qui contribuèrent le plus à y répandre sourdement les idées de Luther, s’était formé un petit cénacle composé des hommes les plus avancés d’alors : Guillaume Farel, qui devait préparer Genève pour Calvin; Gérard Roussel, qui fut le prédicateur de la reine de Navarre ; Martial Mazurier qui, dès 1514, avait défendu devant la Sorbonne, avec Le Fèvre, la cause de Reuchlin contre les Dominicains de Cologne ; Michel d’Arande, Jean Lecomte, Caroli, Pavanes. L’évêque de Meaux, Briçonnet, patronna d’abord les novateurs et prit Le Fèvre pour grand vicaire. De toutes parts on accourait à Meaux ; cela dura jusqu’en 1523. Mais Noël Bedier, syndic de la Sorbonne, allait frapper

  1. Tombeau de Marguerite de Valois, Royne de Navarre. V. p. xxj, note 3 )