Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 1, éd. Frank, 1873.djvu/177

Cette page n’a pas encore été corrigée

Sy suffisant et tant abondamment, Que rien ne peult ma justice vouloir Que de luy seul elle ne puisse avoir : Car il a prins tous mes pechés sur soy, 1. Pet. 2. Et m'a donné ses biens, comme je croy.

Quand voz vertuz, mon Sauveur, presentez, Certes assez Justice contentez. Quand elle veult mes vices reprocher, Vous luy monstrez qu'en vostre propre chair Vous les avez portez de bon courage, Par l'union de nostre mariage : Et sur la croix, par vostre passion En avez fait la satisfaction. Et qui plus est, par vostre Charité M'avez donné ce qu'avez merité. Parquoy, voyant vostre merite mien, Justice plus ne me demande rien ; Psal. 84 Mais sa sœur Paix (comme toute appaisée Vous regardant) est doucement baisée.

Du Jugement n'auray donc plus de crainte, Mais par desir trop plus que par contrainte L'heure j'attens, que mon Juge voiray, Et jugement Juste de luy oyray. Si sçay je bien que vostre Jugement Est sy tresdroit, qu'il ne fault nullement, Et congnois bien mon infidelité, Digne d'Enfer et sa crudelité.