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Car aussi tost qu'avez veu abaissée Ma volunté soubz vostre obeissance, Avez usé de vostre grand' clemence, Mettant en moy une sy vive Foy, Que vous sachant Maistre, Seigneur et Roy, (De qui devois par raison avoir crainte) Par vraye amour senty ma peur esteinte, En vous croyant mary sy gratieux, Bon, doux, piteux, misericordieux, Que moy (qui tant me devoye cacher) Ne craingniz point de vous aller chercher.

A vous me suis vous cherchant retirée Mais paravant j'estois de vous tirée. Qu'avez vous fait? m'avez vous refusée ? Helas, mon DIEU, nenny, mais excusée. A'vous de moy tourné vostre regard ? Non, mais vostre oeil m'a esté un doux dard, Qui m'a navré le cœur jusqu'à la mort, En me donnant de mes pechés remord. Repoulsée ne m'avez de la main ; Mais à deux bras, d'un cœur doux et humain Luc 15. M'estes venu, m'embrassant, approcher, Sans mes defaultz en rien me reprocher. Point n'ay congnu, à vostre contenance, Qu'avez jamais apperceu mon offense. Vous avez fait de moy aussi grand' feste Que si j'avois esté bonne et honneste,