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Abandonné, laissé, fuy, trahy, Pour vostre lieu à un autre donner, Me regardant à luy abandonner, A'vous souffert que je fusse huée, Monstrée au doigt, ou battue, ou tuée ? M'avez vous mise en prison tresobscure, Ou bannie, sans avoir de moy cure ? M'a'vous osté voz dons et voz joyaux Pour me punir de mes tours desloyaux ? Ay je perdu mon douaire promis, Pour les pechés qu'envers vous j'ay commis ? Suis je par vous en justice accusée, Comme une femme en malheur abusée ? A tout le moins, a'vous point fait defense Que jamais plus devant vostre presence N'eusse à venir, comme c'estoit raison, Ne plus rentrer dedens vostre maison? O vray espoux, mary inestimable, Parfait amy, sur tous les bons amable, Vous avez bien en moy fait autrement[1] Car vous m'avez quise diligemment, Comme brebis errante au plus profond Du puitz d'Enfer où tous les maux se font ; Moy, qui estois de vous tant separée, Et en mon cœur et mon sens esgarée, Appellée m'avez à haulte voix, En me disant : ô ma fille, oy et vois[2],

  1. Luc 15 et 18.
  2. Pseau. 44.