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Par vraye amour, en vous non sejournée, Avez prié ; et je suis retournée.

O frere doux, qui en lieu de punir Sa folle sœur, la veult à luy unir, Et pour murmure, injure ou grande offense, Grace et amour luy donne en recompense. C'est trop, c'est trop, helas ! c'est trop, mon frere ; Point ne devez à moy sy grans biens faire. J'ay fait le mal, vous me rendez le bien ; Vostre je suis, et vous vous dites mien ; Vostre je suis, et vostre doublement, Et estre veux vostre eternellement. Plus je ne crains d'Aaron la grand' folie ; Nul ne sera, qui de vous me deslie.

Or puis que frere et sœur ensemble sommes Il me chault peu de tous les autres hommes ; Pseau. 26. Vostre terre, c'est mon vray heritage ; Ne faisons plus, s'il vous plaist, qu'un mesnage. Puis qu'il vous plaist tant vous humilier, Que vostre cœur avec le mien lier, En vous faisant homme naïvement, Je vous en rendz graces treshumblement ; Comme je doy n'est pas en ma puissance Prenez mon cœur, excusez l'ignorance. Puis que je suis de sy bonne maison Et vostre sœur, mon DIEU, j'ay bien raison De vous louer, aymer, servir sans feindre,