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Ceste vieille me feit le mort tenir, Qu'elle dit mien et le veult maintenir.

O juge vray, Salomon veritable, Ouy avez le procez lamentable Et ordonné, contentant les parties. Que mon enfant fust mist en deux parties. A cela s'est la traistresse accordée ; Mais quand me suis de mon filz recordée, Plus tost en veux souffrir privation, Que de son corps la separation : Car vraye amour bien parfaite et ardente De la moité jamais ne se contente. J'ayme trop mieux du tout pleurer ma perte Que de l'avoir à demy recouverte. Peu satisfait aurois à mon envie, Si la moytié de luy avois sans vie. Las! donnez luy plus tost l'enfant vivant. Bien meilleur m'est que je meure devant Que de souffrir JESUS CHRIST divisé. Mais, Monseigneur, mieux avez advisé ; Car en voyant mon mal en tout endroit, Et que plus tost renonçois mon droit Que de souffrir cruauté sy amere, Distes de moy : Ceste est la vraye mere ; 3. des Roys. En me faisant mon enfant rebailler, Pour qui voyez mon cœur tant travailler.

O doux JESUS, vous ay je retrouvé ;