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Fors JESUS seul, mon frere, filz de DIEU ; A nul autre ne veux rendre la place, Pour batterie ou mine qu'on me face.

Gardez mon cœur, mon frere, mon amy, Et n'y laissez entrer vostre ennemy. O mon bon frere, enfant, pere et espoux, Les jointes mains humblement à genoux, Graces vous rendz, mercy, gloire et louenge, Dont il vous plaist, moy terre, cendre et fange, A vous tourner et mon cœur convertir ; Et sy tresbien de grace me vestir Et me couvrir, que mes maux et pechés Ne voyez plus, tant les avez cachez : Si que de vous semblent en oubly mis, Voire et de moy qui les ay tous commis. Foy et amour m'en donnent oubliance, Mettant du tout en vous seul ma fiance.

Donc, à mon Pere ! où gist amour non feinte, Jaques 3. De quoy fault il qu'en mon cœur j'aye crainte? Je recongnois avoir fait tous les maux Que faire on peult ; et que rien je ne vaux, Et que vous ay, comme l'enfant prodigue, Abandonné, suyvant la folle ligue, Où despendu j'ay toute ma substance, Et tous voz biens receuz en abondance ; Mais povreté m'a seiché comme fein, Et mon esprit rendu tout mort de faim,