Page:Marguerite de Navarre - Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, t. 1, éd. Frank, 1873.djvu/135

Cette page n’a pas encore été corrigée

Me donne au vray bien clere intelligence Que c'est de moy, et qui en moy demeure, Et où je suis, et pourquoy je labeure Qui est celuy, lequel j'ay offensé, Auquel sy peu de servir j'ay pensé. Parquoy il fault que mon orgueil r'abaisse, Et qu'humblement en plorant je confesse Que, quant a moy, je suis trop moins que riens[1] : Avant la vie boue, et apres fiens ; Un corps remply de toute promptitude A faire mal, sans vouloir autre estude ; Subjet à mal, ennuy, douleur et peine, Vie tresbrefve et la fin incertaine[2] ; Qui soubz peché par Adam est vendu[3], Et de la Loy jugé d'estre pendu[4].

Car d'observer un seul commandement[5] Il ne m'advint en ma vie vrayment. En moy je sens la force du peché, Roma. 7. Dont moindre n'est mon mal d'estre caché Tant plus dehors se cele et dissimule, Plus dens le cœur s'assemble et accumule Ce que DIEU veult, je ne le puis vouloir ; Roma. 7. Ce qu'il ne veult, souvent desire avoir : Qui me contraint par ennuy importable, De ce fascheux corps de mort, miserable, Desirer voir la fin tant desirée, Estant la vie esteinte et dessirée.

  1. Job. 10 et Gene. 8.
  2. Job. 14.
  3. Rom. 5,7.
  4. 1. Cor. 15.
  5. Psal. 31.