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Ton humble serf, Dame, te fait present.
Congnois tu point la haulte et docte veine
De ma maistresse et ta mere la Royne ?
Congnois tu point ses beaux vers mesurez,
Et ses escrits tous d’or, tous asurez ?
Congnois tu point la douceur qui distile
De son divin et pyndarique style?
Certes sy fais, et si ce n’est assez,
De bref seront mieux qu’en or enchassez
Dens ton esprit ces escrits et les choses
Qui sont en eux soubz vers dorez encloses.
Là tu verras un esprit de vertu
Mieux que le corps de pourpre revestu.
Un tel esprit que de luy seul s’agrée
Sur tous le Ciel, et en luy se recrée.
Un esprit franc, nourry tant seulement
De pur Nectar, resonner clerement
Propos divins et motetz Angeliques.
Là tu verras des ditz plus que celiques,
Là tu verras des motz par millions
Plus reluysans que riches unions.
Et y verras au vif la voye painte
Qu’elle a suyvie et autre chose mainte,
Qui t’aydera quand y auras recours
A parfournir le louable discours
Qu’as commencé, suyvant du tout icelle
Qui de tous poincts à toute autre precelle.