Page:Marguerite de Navarre - La Coche, 1542.pdf/54

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Amye (helas) ſi ma douleur couuerte
Sentiez qui eſt fondee en ignorance
Dont ne meſt point la verite aperte,
Vous iugeriez nauoir pas la puiſſance
De la porter, car el’eſt par trop griefue
Or dieu vous gard de telle congnoiſſance.
Puis que lhonneur mect en voſtre amour trefue
Plaiſir auez gardant la longue foy
Que nous deuez, de la rendre ainſi briefue.
Si vous ſcauiez auſſi bien comme moy
Que ceſt de viure en doubte et en ſuſpens
Peu voſtre mal eſtimeriez ie croy.
Sil me diſoit, daymer ie me repens
Ien oſteroys mon cueur qui de douleur
Perpetuel en payeroit les deſpens.
Ieſtimeroys a grant heur ce malheur
Bien que ce neſt peu de deſpit ou honte,
Deſtre laiſſee ainſi dun ſeruiteur.