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Aymè ne ſuis qui meſt cas trop amer
Car ie le ſens malgre ſon apparence
O fainct amy que tu es a blaſmer.
Aymer ne puis, ie n’ay pas la puiſſance
Car long temps a qu’en luy mis mon voulloir
Et en perdy du tout la ioyſſance.
Las cœur qui nas dun autre aymer pouuoir
Et deſtre aymè as perdu le plaiſir
Tu nas pas tort de te plaindre et douloir.
Regarde amy ſi tu as le loyſir
Sil eſt tourment qui ſoit au mien ſemblable
N’ayant nul bien, ny de nul bien deſir.
Ie n’ay nul bien te congnoiſſant muable
Ny ie nen veulx, craignant de rencontrer
Amy, de toy moins parfaict, variable.
Dauſſi parfaict lon ne men peult monſtrer
Quant à beaulte, vertu, et bonne grace
Sur qui ny ait nul vice à remonſtrer.