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De ton parler ie ne voy riens muer
Tu dis m’aymer ainſi qu’as de couſtume
Mais par mentir, ie croy me veulx tuer,
Car en t’aymant ma vie ie conſume
Et en ſentant que tu ne m’aymes point
Mon cœur ſe faict de patience enclume.
Il eſt au tien ainſi comme il fut ioinct
Et le tien non bien qu’en mentant tu dis
Quil eſt tout mien, et dieu le te pardoint.
Queſt deuenu le regard de iadis
Qui meſſager eſtoit de ton fainct cœur ?
A qui du mien iamais ne contredis,
Et le parler qui par doulce liqueur
Le rendoit mol et foible a ſe deffendre ?
Dont toy amy demouroys le vaincueur.
Tu dis m’aymer, mais qui le peult entendre ?
Quant tous les tours, et les ſignes damour
En toy voy mors, et conuertiz en cendre.