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FARCE DES FILLES

Que vieillesse ou foiblesse amende
Mon mary ! Mais j’ay espérance
Que, par ma grant persévérance,
En brief retournera à moy,
Et lors seray sans nul esmoy.

La Première Fille.

Leur grant ennuy & leur neccessité
Leur fist chercher secours de créature ;
Nostre plaisir par curiosité
Nous fist vouloir savoir nostre adventure.
Le temps, les ans, le sens & l’escriture
De ceste Dame, apparantement sage,
Nous fist ouvrir le secret du courage
Dont rien que mal n’avons peu recevoir.
Nous concluons, par tout nostre langaige,
Que de sçavoir l’advenir, c’est l’ouvraige
De Celluy seul qui sur tous a pouvoir,
Lequel prions, selon nostre debvoir,
Qu’ainsi que Roy en terre il vous fait voir[1],
Vous doint régner au Ciel pour heritage.

La Vieillard.

Ma bonne Dame, où allez vous ?
Où portez vous ceste jeunesse ?

La Vieille.

En bonne foy, mon amy doulx,
Sur un lict par grande foiblesse.

  1. Ceci s’adresse au Roi de Navarre ou à François Ier, assistant ou devant assister à la représentation.