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LE MALLADE

Le Médecin.

Vous me troublez l’entendement ;
Taisez vous, folle que vous estes ;
D’icy au jour du Jugement
N’y auroict fin en voz receptes.

Je ne veiz jamais malladye,
Tant difficille en soit la cure,
Que quelque femme à l’estourdye
Mille remeddes n’y procure ;
Et, s’il advient par adventure
Que quelcun en puisse guarir,
Cent mil, ignorans leur nature,
De ceste herbe feront[1] mourir.

Or bien avec l’Appothicaire
Vostre cas je voys ordonner
Ce qu’il nous conviendra faire
Pour à vous soubdain retourner.

La Femme.

Monsieur, pour plus ne séjourner,
Déclairez moy vostre ordonnance ;
Pour le mallade n’estonner,
Ne bougez poinct de sa présence.

Le Médecin.

Vous n’entendez goumes ny herbes ;
Par quoy ne les vous veulx nommer.

  1. Ms. : Font. — M.