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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS

Marguerite a pris soin de dire dans cette Nouvelle que le galant si maltraité était un des plus beaux hommes de son temps. Ce trait s’applique parfaitement à l’Amiral de Bonnivet, dont un portrait au crayon se trouve à la Bibliothèque nationale, au Cabinet des estampes (trois volumes in-fol. de portraits au crayon, t. Ier).

L’Amiral de Bonnivet joue dans l’Heptaméron un rôle assez important ; il est question de lui dans plusieurs Nouvelles, & celle qui porte le no xv lui est entièrement consacrée. C’est pourquoi nous croyons devoir donner, d’après l’Histoire généalogique du Père Anselme (t. VII, p. 880), une note biographique sur ce personnage :

« Guillaume Gouffier, cinquième fils de Guillaume Gouffier, Seigneur de Boissy, & de Philippe de Montmorency, sa seconde femme, Seigneur de Bonnivet, de Crèvecœur, de Thois & de Querdes, Chevalier de l’Ordre de Saint-Michel, Amiral de France, Gouverneur de Dauphiné, de Guienne & de la personne de Monseigneur le Dauphin, gagna les bonnes grâces de François Ier, auprès duquel il avoit été élevé & qui l’employa dans toutes les grandes affaires de son temps. Il s’étoit signalé au siège de Gènes, en 1507, & à la journée des Éperons en 1513. Après la mort de l’Amiral de Graville, il fut honoré de la charge d’Amiral de France, le 31 décembre 1517, & donna quittance, en cette qualité & celle de Chambellan ordinaire du Roi, le dernier juillet 1518, pour avoir assisté, comme l’un des Commissaires du Roi, à l’assemblée des trois États de Normandie, tenue à Rouen au mois d’août précédent. Ce Prince l’envoya, en 1518, en Allemagne, pour y négocier en sa faveur auprès des Princes Électeurs de l’Empire. Étant de retour, il fut fait Gouverneur du Dauphiné & de la personne de Monseigneur le Dauphin en 1519, & dépéché la même année en ambassade extraordinaire en Angleterre, pour y conclure la paix & une alliance entre les deux couronnes. C’est par son moyen que se fist l’entrevue de François Ier & de Henri VIII, en 1520, entre les villes d’Ardres & de Calais. En suite il fut Gouverneur de Guienne, en 1521, & chef de l’armée envoyée en Navarre, avec laquelle il prit Fontarabie. Il passa de là en Italie en qualité de Lieutenant général de l’armée du Roi, mit le siège devant Milan en 1523, qu’il fut obligé de lever, &, l’année suivante, eut encore le malheur d’être défait à la retraite de Rebec ; enfin il perdit la vie le 24 février 1524, à la bataille de Pavie, dont il avait été le principal auteur, contre l’opinion des plus anciens & plus expérimentés capitaines. »

Brantôme a consacré une notice assez étendue à l’Amiral de Bonnivet. Voy. Capitaines françois (édition Lalanne, III, 61-9). — L.

— « J’ay ouy raconter à une Dame de grande qualité & ancienne,