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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS

moque de lui quand il veut faire de la morale. Nouvelle xxxv, Épilogue, elle le reprend avec aigreur en lui disant : Il suffit que vous sachiez faire le mal, quand il expose les principes de sa morale très-relâchée, & ajoute en terminant que l’amour l’a rendu bon mari (Nouv. LIX, Épil.).

« Il raconte les sept Nouvelles vii, XVIII, xxx, xxxv, XLIX, LVI, LXIX.

« Nous pensons que Marguerite a caché sous le nom d’Hircan celui de Charles, Duc d’Alençon, son premier mari. » — L.

M. Paul Lacroix (1858, p. XXV-VII) a été sur ce point d’un avis différent : « Si Parlamente n’est autre que Marguerite, Hircan, son mari, sera le Roi de Navarre, Henri d’Albret, qui est peint sous ce nom dans les Marguerites de la Marguerite, brutal sensuel & grossier. Le nom d’Hircan nous paraît synonyme de sauvage, comme si ce farouche personnage était né dans les forêts d’Hircanie, Hircanus. L’étymologie qu’on tirerait du latin hircus, qui signifie bouc, conviendrait également au mari de Parlamente, qui lui dit avec dédain : « Oui bien, vous qui n’aimez que le plaisir. » M. Le Roux de Lincy se trompe évidemment en voulant retrouver le premier mari de Marguerite sous le masque de ce farouche. »

Quoique M. Le Roux de Lincy n’en ait rien dit, partant de ce principe certain que Hircan est le mari de Parlamente, qui est Marguerite, il peut avoir pensé que, du vivant de son second mari, elle n’aurait pas osé le peindre, même à l’état d’allusion incidente, avec des traits qui ne sont pas toujours à son avantage, & qu’elle se serait trouvée plus libre avec la mémoire de son premier mari, mort depuis 1525.

Outre qu’il n’est pas dans la nature de Marguerite de tomber sur un mort, surtout parce que son souvenir était lié sans grand honneur au désastre de Pavie & que, malgré les défauts de caractère de son second mari, elle a été vraiment sa femme dans le plus honnête & le meilleur sens, les traits de caractère s’appliquent de toutes façons beaucoup mieux au Roi de Navarre qu’au Duc d’Alençon. M. Franck (p. 107-14) confirme pleinement l’opinion de M. Lacroix :

« Tout affiche la personnalité intelligente, railleuse, parfois un peu brutale, du Roi de Navarre. M. Paul Lacroix, en le devinant ici, s’appuie sur ces traits marquants pour supposer que le pseudonyme de Hircan se réfère au latin bircanus. Il se peut que ce jeu de mots ait traversé l’esprit de Marguerite, mais il est plus simple de voir dans le nom de Hircan, ce qui aurait dû sauter aux yeux des