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LES ADIEU DES DAMES
DE CHEZ LA ROYNE DE NAVARRE

allant en gascongne
À MA DAME LA PRINCESSE DE NAVARRE[1]

L’adieu ne doit se dire tant que l’œil
Peult voir le bien qui luy oste son dueil,
Mais, aussi tost que l’œil perd son object,
Le cœur commence à forger tel subject
D’aspre douleur & regret importable
Qu’il rend la voix piteuse & lamentable,
Dont, quand le cry & pleur ha fait son cours,
La bouche veult venir à leur secours,
Donnant raison à l’ennuy par parole,
En commençant un sy très dollent rolle
Que nul n’y a, s’il la peult escouter,
Qui sçeust son mal ignorer ou douter.
Mais petit est cest apparent regret,
Le comparant à celuy qui secret

  1. N’ayant à nous occuper ici ni des poésies imprimées de Marguerite, ni de ses poésies inédites, nous nous contentons de redonner celles choisies par M. Le Roux de Lincy. Nous extrayons seulement des Marguerites de la Marguerite une pièce relative à un adieu à la jeune Jeanne d’Albret, encore non mariée, parce qu’elle montre Marguerite au milieu de ses Dames & Damoiselles. Nous avons ajouté un astérisque aux noms qu’on trouvera dans la table du livre de M. La Ferrière-Percy, & corrigé la Renestaye en la Benestaye, qui est le vrai nom. — M.