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DE LA R. DE NAVARRE

Si [donc] je prends aulcunes foys loisir
D’entretenir quelque dame à plaisir,
Pour tant ne veulx devenir variable,
Mais estimer que, sans aultre choisir,
Je vous en treuve après trop plus amable[1].

Folio 108 verso à 110 recto.

Souvieigne vous des lermes respandues,
Qui par regret très grand furent rendues
Sur vostre tant amyable visaige ;
Souvieigne vous du dangereux oultraige
Que vous cuida faire mon povre cœur,
Pressé par trop d’une extrême douleur,
Quand il força la voix de satisfaire
Au très grand mal où ne sçavois que faire,
Tant qu’à peu près le pleur fut entendu ;
Souvieigne vous du sens qui fut perdu,
Tant que raison, parolle & contenance
N’eurent pouvoir, ny force ny puissance,
De desclairer ma double passion,
Ny aussi peu ma grand affection ;
Souvieigne vous du cœur qui bondissoit
Pour la tristesse en quoy il pèrissoit ;
Souvieigne vous des souspirs très ardens
Qui à la foule, en despict de mes dentz,
Sortoient dehors pour mieulx me soulaiger ;
Souvieigne vous du péril & danger
Où nous estions, dont nous ne tenions compte,

  1. Dans le ms. ce dizain suit d’un seul tenant ce qui précède ; c’en est édvidemment la réponse. — M.