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PEU ET MOINS

Trop.

Leur ouyr[1] ne me fait jouyr
De nul plaisir, car jusqu’au centre
De mon cœur tousjours douleur entre,
Qui par ces grans oreilles passe.

Peu.

Noyez vous rien qui vous soullace ?
Ayez de plaisans racompteurs.

Prou.

Tant nous avons de plaisanteurs
Qui disent choses admyrables !

Moins.

Vous sont elles point agréables ?

Trop.

Ouy, aux oreilles un peu,
Mais au cœur augmentent le feu
D’ennuy, venant par ces escoutes,
Car elles ne luy plaisent toutes,
D’ont plaisir n’en povons gouster.[2]

Prou.

Plus essayons de les oster
Et plus y mettons nostre entente,

  1. C’est-à-dire : ce qu’elles entendent. Imp. : Leur ouy, par l’omission d’une lettre. — M.
  2. Au lieu des deux vers précédents & de celui-ci, le ms. a seulement : le feuDe mes maulx à le escouter. — M.