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PEU ET MOINS

Si petitz auprès d’eux nous sommes
Qu’ilz ne nous peuvent regarder.

Peu.

Craintif ne se doit hasarder
Quand il ha par où estre pris.

Moins.

Noz habitz sont de si vil pris
Que, si quelqu’un par là nous tyre,
Si facillement les dessire
Que l’on ne nous peut retenir.

Peu.

L’on ne peult l’innocent pugnir,
Ne celuy, qui ait[1] riens, toucher.

Moins.

Qui vouldra au mort reprocher
Ses péchez & ses grandz meffaits,
Il portera si bien le faix
Qu’il n’en daignera rien respondre.

Peu.

L’on ne peult brebis rèze tondre ;
Qui n’a riens, riens aussi ne perd.

Moins.

Qui ne porte riens, riens n’appert,
Par quoy ceste lectre est bien close
A cil qui cerche quelque chose.

  1. Éd. : est. — M.