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TROP, PROU,

Et où l’on desploye estandartz ;
Là quelque foys me verrez estre.
Je ne veulx point avoir de maistre,
Ne servir à nul, fors qu’à moy ;
J’ay toujours preste la main dextre
Pour jurer & rompre ma foy.

Je me conduictz selon le temps,
Entre contens & mal contens,
Sans avoir à nul amytié.
Si nul contredisant j’entendz,
Mes satallites combatans
Je metz en avant sans pitié ;
Le moindre est ainsy chastié,
Mais, si d’un Grand j’ay quelque affaire,
De mon pain aura la moitié.
Velà les tours que je sçay faire.

Trop.

Dieu gard celuy dont l’espérance
Ha fait reluire maint harnois ;

Prou.

Dieu gard la très belle apparence
Que, plus je voy, moins je congnois.

Trop.

Me mescongnoissez vous[1], mon Filz ?
Je suis
Trop, vostre père grand ;

  1. Éd. : Me congnoissez-vous, qui laisse le vers boiteux d’un pied. — M.