Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome III.djvu/277

Cette page a été validée par deux contributeurs.


SOIXANTE NEUFVIESME NOUVELLE


Une Damoyselle fut si sage qu’ayant trouvé son mary belutant en l’habit de sa Chamberière, qu’il attendoit souz espoir d’en obtenir ce qu’il en pourchassoit, ne s’en feit que rire & passa joyeusement son temps de sa folye.


u chasteau d’Odoz en Bigorre, demoroit ung Escuier d’escuyrie du Roy, nommé Charles, Italien, lequel avoyt espousé une Damoiselle, fort femme de bien & honneste, mais elle estoit devenue vieille après luy avoir porté plusieurs enfans. Luy aussy n’estoit pas jeune & vivoyt avecq elle en bonne paix & amityé. Quelque foys il parloit à ses Chamberières, dont sa bonne femme ne faisoit nul semblant, mais doulcement leur donnoyt congé quant elle les congnoissoit trop privées en la maison.

Elle en print un jour une qui estoit saige &