Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome III.djvu/152

Cette page a été validée par deux contributeurs.
138
VJe JOURNÉE

Quelque jour après que le Gentil-homme cuydoyt les parolles du Prince estre mises en obly, s’en alla veoir au soir sa Dame & demeura assez tard.

Le Prince dist à sa femme comme la Dame de Neufchastel avoyt ung grand rhume, par quoy sa bonne femme le pria de l’aller visiter pour tous deux, & de luy faire ses excuses dont elle n’y povoyt aller, car elle avoyt quelque affaire nécessaire en sa chambre.

Le Prince attendit que le Roy fût couché & après s’en alla pour donner le bonsoir à sa dame, mais, en cuydant monter un degré, trouva ung varlet de chambre qui descendoit, auquel il demanda que faisoyt sa maistresse, qui luy jura qu’elle estoyt couchée & endormye.

Le Prince descendit le degré & soupsonna qu’il mentoyt, par quoy il regarda derrière luy & veid le varlet qui retournoyt en grande diligence. Il se promena en la court devant ceste porte pour veoir si le varlet retourneroyt poinct. Mais ung quart d’heure après le veid encores descendre & regarder de tous coustez pour veoir qui estoyt en la court.

À l’heure pensa le Prince que le Seigneur des Cheriotz estoit en la chambre de sa dame qui pour craincte de luy n’osoyt descendre, qui le feyt encores promener longtemps. Se advisa que en