Le pauvre mari, qui ne faisoit que de venir, fut bien estonné & luy demanda quel torment il luy avoyt faict, veu qu’il n’avoit party de la dance.
« C’est bien dansé, » dist la pauvre fille ; « voicy la troisiesme fois que vous estes venu coucher ; il me semble que vous feriez mieulx de dormir. »
Le mary, oyant ce propos, fut bien fort estonné & oublia toutes choses pour entendre la vérité de ce faict ; mais, quant elle luy eut compté, soupsonna que c’estoient les Cordeliers qui estoient logez céans, & se leva incontinant & alla en leur chambre, qui estoit tout auprès de la sienne.
Et, quant il ne les trouva poinct, se print à cryer « À l’ayde ! » si fort qu’il assembla tous ses amys, lesquelz, après avoir entendu le faict, luy aydèrent avecq chandelles, lanternes & tous les chiens du village, à chercher les Cordeliers. Et, quand ilz ne les trouvèrent poinct en leur maison, feirent si bonne dilligence qu’ilz les attrapèrent dedans les vignes, & là furent traictez comme il leur appartenoit ; car, après les avoir bien battuz, leur couppèrent les bras & les jambes, & les laissèrent dedans les vignes à la garde de dieu Baccus & Venus, dont ilz estoient meilleurs disciples que de sainct Françoys.
« Ne vous esbahissez poinct, mes Dames, si telles gens, séparez de nostre commune façon de vivre, font