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TRENTE SEPTIESME NOUVELLE


Madame de Loué par sa grand patience & longue attente gangna si bien son mary qu’elle le retira de sa mauvaise vie, & vécurent depuis en plus grande amityé qu’auparavant.


l y avoit une Dame, en la Maison de Loué, tant saige & vertueuse qu’elle estoyt aymée & estimée de tous ses voisins. Son mary, comme il debvoyt, se fioyt en elle de tous ses affaires, qu’elle conduisoit si saigement que sa maison, par son moyen, devint une des plus riches maisons & des mieulx meublées qui fût au pays d’Anjou ne de Touraine.

Ayant vescu ainsy longuement avecq son mary, duquel elle porta plusieurs beaulx enfans, la félicité, à laquelle succède tousjours son contraire, commencea à se diminuer pour ce que son mary, trouvant l’honneste repos insuportable, l’abandonna pour chercher son travail, & print une