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IJe JOURNÉE

finy », ce dit elle à Nomerfide, « donnez vostre voix à quelqu’un qui ne pense pas si legiérement. »

Nomerfide respondit : « Si vous voulez que ma faulte soyt rabillée, je donne ma voix à Dagoucin, lequel est si saige que pour mourir ne diroit une follye. »

Dagoucin la remercia de la bonne estime qu’elle avoyt de son bon sens, & commencea à dire :

« L’histoire que j’ay deliberé de vous racompter, c’est pour vous faire veoir comme Amour aveuglist les plus grands & honnestes cueurs, & comme meschanceté est difficille à vaincre par quelque bénéfice ne biens que ce soit. »