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XVIJe NOUVELLE

tune, &, quant à moy, je ne l’empescheray poinct, mais je seray très content qu’il trouve party tel qu’il y puisse vivre selon qu’il mérite. »

Robertet fut aussi diligent de porter ceste response au Comte qu’il avoit esté de présenter sa requeste au Roy. Le Comte dist que avecq son bon congié il délibéroit doncques de s’en aller, &, comme celuy que la paour contraingnoit de partir, ne la sçeut porter vingt quatre heures, mais, ainsy que le Roy se mettoit à table, print congié de luy, faingnant d’avoir grand regret d’ont sa nécessité luy faisoit perdre sa présence.

Il alla aussi prendre congié de la mère du Roy, laquelle luy donna aussi joyeusement qu’elle l’avoit receu comme parent & amy. Ainsi retourna en son païs, & le Roy, voyant sa mère & ses serviteurs estonnés de ce soubdain partement, leur compta l’alarme qu’il luy avoit donnée, disant que, encores qu’il fust innocent de ce qu’on luy mettoit sus, si avoit esté sa paour assez grande pour s’esloingner d’un maistre dont il ne congnoissoit pas encores les complexions.


« Quant à moy, mes Dames, je ne voy poinct que aultre chose peust émouvoir le cueur du Roy à se hazarder ainsi seul contre ung homme tant estimé, sinon que, en laissant la compaignie & les lieux où les Roys ne trouvent nul inférieur qui leur demande le