Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome I.djvu/59

Cette page a été validée par deux contributeurs.
45
DE MARGUERITE DE NAVARRE

nobles Princes, frères, à l’honneur, proesse & vertu desquels toute l’espérance des François, après l’appuy de leur Roy très magnanime, pour aujourd’huy se repose.

Or n’estoit Charles inférieur à l’aultre Charles, aujourd’huy Empereur, de noblesse de sang & d’antiquité de Maison, ce qui se vérifiera clairement s’il vous plaist que je vous récite sa généalogie, non que nous commencions au premier chef, mais seulement à ceuls la mémoire desquels vous est congnue & trèsgracieuse, je dy de Charles, Duc de Vallois & Conte d’Alençon, de qui fut engendré Charles, qui mourut à la bataille de Creiquy, & de luy Pierre, dont descendit Jhean, second du nom, & de luy vint René, & de René Charles, dernier Duc, mary de Marguerite. Or descendirent tous ces magnanimes & illustres Princes, prédécesseurs de Charles & de Françoise, de la trèsnoble & trèssaincte race du Roy S. Loys, que l’Église Romaine a escrit & enrollé au catalogue des Saincts & de qui Philippes estoit fils, dont Charles est venu.

N’ayant heu Marguerite des enfants de ce mariage, & vostre duc & Prince, ô Alençonnois, vous estant osté par trop précipitée & soubdaine mort, il pleut au bon Dieu, affin qu’il demourast en ce Monde quelque semence de si précieus grain, unir & assembler de rechef nostre Marguerite par lien de mariage au Roy Henry, Roy de Navarre, trèsnoble, trèspuissant & trèssage Prince, dont sont issus & procréés, premièrement Jhean, Prince de Navarre, qui fut ravy devant son aige par l’envie des fatalles Déesses, & Jheanne, aujourd’huy espouse du très-preus & très-magnanime Prince Antoine, Duc de Vendosmois, duquel les vertus admirables ont si bien attiré toute la France à l’amour & révérence de luy que les Princes,