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NEUFVIESME NOUVELLE
La parfaicte amour qu’un Gentil homme portoit à une Damoyselle, par estre trop célée & méconnue, le mena à la mort, au grand regret de s’amye.
ntre Daulphiné & Provence, y avoit
ung Gentil homme, beaucoup plus riche
de vertu, beaulté & honnesteté que
d’autres biens, lequel ayma fort une Damoiselle
dont je ne diray le nom, pour l’amour de
ses parens qui sont venuz de bonnes & grandes
Maisons ; mais asseurez vous que la chose est
véritable. Et, à cause qu’il n’estoit de Maison de
mesme qu’elle, il n’osoyt descouvrir son affection ;
car l’amour qu’il luy portoit estoyt si grande &
parfaicte qu’il eut mieulx aymé mourir que desirer
une chose qui eust esté à son deshonneur, &, se
voiant de si bas lieu au pris d’elle, n’avoyt nul
espoir de l’espouser. Par quoy son amour n’estoit