que c’estoit ung homme qui vouloit secrètement entrer en sa maison.
À l’heure, ung nommé Thomas Guerin, qui faisoyt mestier d’estre meurdrier, lequel pour faire ceste exécution estoit loué du Procureur, vint donner tant de coups d’espée à ce pauvre jeune homme que, quelque desfence qu’il peust faire, ne se peut garder qu’il ne tombast mort entre leurs mains.
Le serviteur qui parloit à la Damoiselle luy dist :
« J’oy mon maistre qui parle en ce degré ; je m’en voys à luy. »
La Damoiselle le retint & luy dist :
« Ne vous soulciez, il viendra assez tost. »
Et, peu après, oiant que son maistre disoit :
« Je meurs & recommande à Dieu mon esprit ! », le voulut aller secourir ; mais elle le retint, luy disant :
« Ne vous soulciez ; mon mary le chastie de ses jeunesses ; allons veoir que c’est »; &, en s’appuyant dessus le bout du degré, demanda à son mary : « Et puys est il faict ? »
Lequel luy dist :
« Venez le veoir ; à ceste heure vous ay je vengée de cestuy là qui vous a tant faict de honte. » Et, en disant-cella, donna d’un poignard qu’il avoit dix ou douze coups dedans le ventre de celluy que vivant il n’eust osé assaillir.