religieuses ou philosophiques, soit des traits de satire contre les moines, supprimés déjà par Boaistuau.
Les mêmes motifs de convenance engagèrent Gruget à substituer aux Nouvelles xi, xliv, xlvi des manuscrits, d’autres Nouvelles, plus insignifiantes & moins satiriques.
Quant au style & à l’orthographe, Gruget ne manqua pas non plus de les modifier, se conformant, du reste, à l’usage établi de son temps. Bien qu’un espace de moins de vingt années sépare seulement la composition des Nouvelles & l’édition donnée par Gruget en 1559, le langage & l’orthographe avaient éprouvé des modifications importantes. Il en fut ainsi pendant tout le xvie siècle, & même jusqu’aux premières années du xviie. Au moment où Marguerite écrivit ses Nouvelles, deux langues françaises étaient en présence : le vieux langage, à l’expression naïve, à la phrase insuffisante parfois, mais compréhensible à tous ; le langage nouveau, dont la grammaire & beaucoup de mots étaient empruntés aux Grecs & aux Latins, & qui fut employé par les savants & les poëtes de l’école de Ronsard & de Baïf.
Marguerite écrivit ses Nouvelles dans le langage ancien, qui était celui de la conversation à la Cour de François Ier. En comparant les deux éditions données par Boaistuau & Cl. Gruget aux manuscrits les plus anciens, il est facile de s’apercevoir que l’un & l’autre se sont efforcés de rendre plus savant & plus correct, le style de la Princesse. Le texte, remanié par Boaistuau & Gruget, fut reproduit jusqu’aux premières années du xviie siècle, avec des changements d’orthographe & des fautes qui défigurent complètement l’œuvre originale. Quant aux éditions plus modernes, mises en beau langage, elles ne méritent même pas d’être critiquées[1].
— Le même Heptaméron… Vincent Sertenas, Gilles Robinot, ou Gilles Gilles (imprimé à Paris par Benoist Prévost, demeurant à la rue Frementel, prez le cloz Bruneau, à l’enseigne de l’Estoile d’or, 1559), 1560, in-4o de 4 feuillets, 212 feuillets de texte, & 2 feuillets pour le privilège & le nom de l’imprimeur.
— L’Heptaméron des Nouvelles… Imprimé, sans lieu d’impression ni nom de libraire, en 1560, 16 feuillets & 726 pages.
— Le même, Lyon, Guill. Rouillé, 1561, petit in-12 ; Paris, Gilles Gilles, 1561, in-16.
— Le même Heptaméron. Paris, Norment & Bruneau, 1567, in-16.
M. Brunet, à qui j’emprunte quelques-unes des indications précédentes, ajoute encore : « Il existe plusieurs autres éditions de ces Contes, imprimées, de format in-16, d’après le texte de 1559 & 1560, dont on recherche les exemplaires bien conservés. Voici l’indication de celles que nous avons vues :
- ↑ Extrait de l’Avertissement de M. Leroux de Lincy, p. iii-vi.