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DE L’HEPTAMÉRON

publié ce poëme sous le titre suivant : l’Art et usage du souverain Mirouer du Chrestien, composé par excellente Princesse Madame Marguerite de France, Reyne de Navarre. Paris, Guillaume Le Noir, 1556, petit in-8o de trente-deux feuillets, auquel est jointe une seconde partie avec un titre séparé : le Mirouer du Chrestien et moyen de cognoistre Dieu et soi mesme, composé par F. Pierre Olivier, Docteur théologien. Paris, Guillaume Le Noir, 1556, petit in-8o de 64 feuillets, en prose.

Dans une double dédicace à Marguerite de France, fille de François Ier, nièce de la Reine de Navarre, Frère Olivier s’exprime ainsi :

« …La très illustre & excellente Princesse Madame Marguerite de France, en son vivant Royne de Navarre, vostre très-honorée tante, s’est estudiée des dons & graces qu’elle avoit reçeu, autant ou plus que dame ou femme de son temps augmenter & accroistre incessamment jusqu’au dernier souspir de sa mort…

« Pour nous en monstrer l’art, pratique & usage (du Miroir de Jésus-Christ crucifié) nous dressoit & composoit ce présent œuvre & saict poëme… Mais à peine en estoient tirées les dernières lignes que son jour & heure dernière est survenue, en laquelle le Sainct Esperit luy a commandé se reposer de ses travaux & labeurs… qui a esté la cause que le dict œuvre est demouré imperfaict, incorrect & impoli, voire en danger d’estre esgaré, perdu ou caché, ensevely & sans fruict. Mais le Seigneur Dieu, qui nous a laissé & ordonné les livres & Escritures sainctes pour nostre spirituelle consolation, pour nostre salut & à sa gloire, a tellement provéu qu’il a permis qu’icelluy me fût communiqué par les mains royalles de la dicte Princesse peu de jours avant sa mort, lequel j’ay gardé non moins songnieusement & curieusement que jadis ce grand Seigneur Alexandre, Macédonien, gardoit les Iliades de son Homère. »

Voici en quels termes Frère Olivier s’explique au sujet des corrections & changements qu’il a faits au poëme de la Reine de Navarre :

« Et pour ce, Madame, qu’iceluy petit livre m’a semblé, entre tous les autres livres & œuvres de la dicte Princesse, plus précieux, dévot, chrestien & digne d’estre dict comme la Marguerite des Marguerites, digne aussi d’être prisée & gardée plus que toute autre fleur ne pierre précieuse, & nullement exposée aux nonchalans des choses utiles à nostre salut, mais présentée, livrée entre les mains de telles très illustres, très nobles, fidèles & chrestiennes Princesses & dames que vous, Madame, je n’ay voulu iceluy négliger, moins laisser imperfect & le vous celer. Et loue Dieu l’avoir gardé & depuis corrigé, mis au nect, parachevé & poli le mieux qu’il m’a esté possible…

« J’ay aussi iceluy divisé & ordonné par petits nombres à ce re-