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EXTRAITS DE BRANTOME

selle de La Roche, qui est ici dessous vous enterrée, que vous avez tant aimée, &, puis que les ames ont du sentiment après nostre mort, il ne faut pas douter que cette honneste créature, morte de frais, ne se soit esmue aussi-tost que vous avez esté sur elle. Et, si vous ne l’avez senty à cause de l’espaisseur de la tombe, ne faut douter qu’en soy ne soit plus esmue & ressentie &, d’autant que c’est un pieux office d’avoir souvenance des trespassés & mesme de ceux que l’on a aimez, je vous prie luy donner un Pater noster & un Ave Maria & un De profundis, & l’arrousez d’eau bénite, & vous acquerrez le nom de très-fidèle amant & d’un bon chrestien. Je vous lairray donc pour cela », & part & s’en va. Feu mon frère ne faillit à ce qu’elle avoit dit, & puis l’alla trouver, qui luy en fit un peu la guerre, car elle en estoit commune en tout bon propos & y avoit bonne grâce.

Voilà l’opinion de cette bonne Princesse, laquelle la tenoit plus par gentillesse & par forme de devis que par créance, à mon advis. (Edition Lalanne, IX, 338-41.)

M. de la Ferrière-Percy a apporté au récit de Brantôme un très curieux complément (p. 81), quand il a extrait ce passage du Registre de Frotté :

« À Estienne Boulogny, Vallet de chambre de la Royne, la somme de cens escus en considération de ce que, après qu’il aura conduit Mademoiselle de La Roche, Femme de chambre de la dicte Dame, à Ferrare, il doit aller au pays de Calabre veoir ses parens. »

Dans un mandement daté de Montargis du 8 février 1545 (p. 82) on voit qu’elle était revenue, car elle reçoit de la