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A TRESILLVSTRE, ET TRESVERTVEVSE PRINCESSE, MA DAME Ieanne de Foix, Royne de Nauarre, Claude Gruget, ſon treshumble ſeruiteur, deſire ſalut & felicité.


Ie ne me fuſſe ingeré, ma dame, vous preſenter ce liure des nouuelles de la feuë Royne voſtre mere, ſi la premiere edition n’euſt obmis ou celé ſon nom, & quaſi changé toute ſa forme, tellement que pluſieurs le meſcognoiſſoient : Cauſe, que pour le rendre digne de ſon auteur, auẞi tost qu’il fut diuulgué, ie recueilly de toutes parts les exemplaires, que i’en peu recouurer, eſcrits à la main, les verifiant ſur ma copie : & feis en ſorte, que ie le reduyſy au vray ordre qu’elle l’auoit dreẞé. Puis ſous la permiſsion du Roy, & voſtre conſentement, il a eſté mis ſur la preſſe, pour le publier tel qu’il doit estre. En quoy me reuient en memoire, ce que le Comte Baltazar dict de Boccace en la preface de ſon Courtiſan, que ce, qu’il feit en ſe ioüant, ſcauoir est ſon Decameron, luy a porté plus d’honneur, que toutes ſes autres œuures Latines, ou Tuſcanes, qu’il estimoit les plus ſerieuſes. Auſsi la Royne, vray ornement de nostre ſiecle (de laquelle vous ne forlignez, en l’amour & cognoiſſance des bonnes lettres) en ſe ioüant ſur les actes de la vie humaine, a laiſsé ſi belles inſtructions qu’il n’y a celuy, qui n’y trouue matiere d’eru-

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