bien de la malice. Ie ne ſuis pas icy, diſt Hircan, pour me faire pire que ie ſuis. Car encores y en a il, qui plus que ie n’en veulx en dient. Et en ce diſant, regarda ſa femme, qui luy diſt ſoudain, ne craignez point pour moy à dire verité. Car il me ſera plus facile à ouyr compter voz fineſſes, que de les vous veoir faire deuant moy, combien qu’il n’y en ait nulle, qui ſceuſt diminuer l’amour que ie vous porte, Hircan reſpondit : Auſsi ne me plains-ie pas de toutes les faulces opinions, que vous auez euës de moy. Parquoy puis que nous cognoiſſons l’vn l’autre, c’eſt occaſion de plus grande ſeureté pour l’aduenir. Mais ſi ne ſuis-ie pas ſi ſot de racompter vne hiſtoire de moy, dont la verité vous puiſſe porter ennuy : toutesfois i’en diray vne d’vn perſonnage qui eſtoit bien de mes amis.
Vn marchant de Paris trompe la mere de ſ’amie, pour couurir leur faulte.
NOVVELLE SEPTIESME.
n la ville de Paris y auoit vn marchant,
amoureux d’vne fille ſa voiſine, ou pour
mieux dire, plus amy d’elle qu’elle n’eſtoit
de luy. Car le ſemblant qu’il faiſoit de l’aimer
& cherir, n’eſtoit que pour couurir vn
amour plus haulte & honorable. Mais elle
qui ſe conſentoit d’eſtre trompée, l’aimoit
tant, qu’elle auoit oublié la façon dont les femmes ont acouſtumé
de refuſer les hommes. Ce marchant icy apres auoir
eſté long temps à prendre la peine d’aller ou il l’a pouuoit trouuer,
la faiſoit venir ou il luy plaiſoit, dont ſa mere ſ’aperceut, qui
eſtoit vne tres honneſte femme, & luy defendit que iamais elle
ne parlaſt à ce marchãt, ou qu’elle la mettroit en religion. Mais
ceſte fille qui plus aimoit le marchant qu’elle ne craignoit ſa
mere, le cheriſſoit plus qu’au parauant. Et vn iour aduint, qu’eſtant
toute ſeule en vne garderobbe, ce marchant y entra : lequel
ſe trouuant en lieu commode, ſe print à parler à elle le plus
priuément qu’il luy fut poſsible. Mais quelque chambriere qui
le vit entrer dedans, le courut dire à la mere : laquelle auec vne
treſ grãde colere ſ’y en alla : & quand ſa fille l’ouyt venir, diſt en