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LA VII. IOVRNEE DES NOVVELLES.

nier mot, luy diſant : À ce queie voy, vous en pouuez bien r4- compter l’hiſtoire. La pauure damoïifelle chercha ce qu’elle peut pour cuider reparer ſon honneur, maisil eftoit defia volé filoing, qu’ellene le pouuoit rappeller.

Ic vous affeure, mes dames, que fi elle cuft eu grand defplai- ſir à faire vn telaéte, elle en euftvoulu auoir perdu la memoire. Mais commeie vous ay dit, le peché feroit plus toft defcouuert par foymefme, quil ne pourroiteftre fceu, quand il n’eſt point couuert de la couuerture que Dauid dit rendre l’homme bien heureux. En bonne foy, dit Emarfüitte, voyla la plus grande ſotte, dôtiouys iamais parler, qui faioit rire les autres à ſes de£ pens. le ne trouuc pointeftrange, dift Parlamente, dequoyla parole enfuit le faiét : car il eſt plus aiſé à dire que à faire. Dea, dift Guebron, quel peché auoit elle fai& ? elle eftoit endormie en ſon liét, & il la menafloit de mort, & de honte. Lucreffe, qui cft tant loucc ; en feit bien autant.Il eſt vray, dift Parlamente, ie confeſſe qu’il n’y a fiiufte, à quiil ne puiſſe mefchoir Mais quäd ona prins grand defplaifir à l’œuure, lon en prend auſsi enla memoire, pour laquelle effacer Lucreffe ſe tua.Et ceſte ſotte en voulut faire rire les autres. Sifemble il, dift Nomerfide, qu’elle fuft femme de bien, veu que par pluſieurs fois elle auoit eſté price, fans iamais y auoir voulu conſentir : de forte que le gétil- homme fut contrainét de faider de tromperie, & de force, pour la deceuoir. Comment ? diftParlamente, tenez vous vne fem- me quitte de ſon honneur, quand elle ſe laiſſe aller, apres auoir vié de deux ou trois refus ? 1] y auroit doncques beaucoup de femmes de bien, quifont eſtimées le contraire.Car lon en a af fez veu, qui ont longuement refuſé celuy ou leur cueur feftoit del-ia accordé : les vnes pour crainte de leur honneur ; les autres pour plus ardemment ſe faire aimer & eſtimer.Parquoylon ne doit point faire cas d’vne femme, fielle netient fermeiuf ques au bout. Et fi vn ieune homme refufoit vne fois vne bel- le fille, dift Dagoucin, eftimériez vous pas cela grande vertu ? Vrayement, dift Oifille, fi vnieune homme & fin, vloit de ce refus, ie le trouuerois fort loüable, mais non moins difficile à croire. Si en cognois ie dift Dagoucin, qui ontrefufé des a : uantures ; que tous leurs compagnons cherchoient. Ie vous prie, dift Longarine, que vous preniez ma place, pour + en