racõpter noz nouuelles. Sa parole fut occaſion de faire leuer toute la compagnie : & apres auoir bien peu demeuré en leurs chambres, ne faillirẽt à ſe trouuer, cõme ils auoient faict le tour de deuant. Et quand ils furent bien à leurs aiſes, ma dame Oiſille diſt à Saffredent : Encor que ie ſois aſſeurée, que vous ne direz rien à l’auantage des femmes, ſi eſt-ce qu’il fault que ie vous aduiſe de dire la nouuelle, que des hier au ſoir vous auez promiſe. Ie proteſte, ma dame, diſt Saffredent, que ie n’acquerray point le deshonneur de meſdiſant pour dire verité, ny ne perdray la grace des dames vertueuſes, pour racompter ce que les folles font. Car i’ay bien experimenté que c’eſt d’eſtre ſeulement eſlongné de leur veuë : & ſi ie l’euſſe eſté autant de leur bonne grace, ie ne fuſſe pas à ceſte heure en vie. Et en ce diſant, tourna les yeux au contraire de celle, qui eſtoit cauſe de ſon bien & de ſon mal. Mais en regardant Emarſuitte, la feit außi bien rougir, comme ſi c’euſt eſté celle à qui le propos s’adreſſoit : ſi eſt-ce qu’il n’en fut moins entendu de celle dont il deſiroit eſtre ouy. Et ma dame Oiſille l’aſſeura, qu’il pouuoit dire verité librement aux deſpens de qui il appartiendroit. Parquoy Saffredent commenca, & diſt.
NOVVELLE SOIXANTEVNIESME.
vpres de la ville d’Authun, y auoit vne
fort belle femme, grande, blanche, & d’autãt
belle façon de viſage, que i’en aye point
veu. Elle auoit eſpousé vn honneſte homme,
qui ſembloit eſtre plus ieune qu’elle,
lequel l’aimoit, & la traictoit tant bien,
qu’elle auoit cauſe de s’en contenter. Peu
de temps apres qu’ils furent mariez, la mena en la ville d’Authun,
pour quelques affaires. Et durant que le mary pourchaſ-