pañée. Mais fa maiftreffe luy dif, qu’elle effayeroit d’entendre la volonté de ſon mary, auantque deluy donner congé. Tou- tesfois elle entendit bien toft les mauuais propos quele Duc entenoit, & cognoiffant fa complexion, non feulementdon- na congé, mais confcilla ceſte damoifellede s’en aller à yn mo- naftere, iufques à ce que ceſte tépelte fuft ceflte. Ce qu’elle feit le plus fecrettement quil luy fut poſsible : mais non tant quele | Duc n’en fuftaduerty, qui d’vn viſage feint & ioyeux demanda à fa femme ou eftoit ceſte damoiſelle, laquelle penſant quilen fçauoit bien la verité, la luy côfeffa, dont il feignic eftre marry, luy diſant qu’il n’eftoit point befoing qu’elle feift ces contenà- ces la, & que de fa part 1l ne luy vouloit point de mal, & quel. M le la feift rerourner : car le bruit de telle choſe n’eftoit point bon. La Duchefle luy dift, que fi ceſte pauurefille cftoit fi mal- heuteufe d’eftre hors de fa bonne grace, il valloit mieux, que pour quelque temps elle ne ſe trouuaft en fa prefence. Mais il M ne voulut pointreceuoir toutes ces raiſons, &luy commanda M qu’elle la fcift reuenit. La Ducheffe ne faillit à declarer à la pau- ure damoiſelle la volonté du Duc, dont elle ne ſe peut alfeu- rer, la ſuppliant qu’ellene centaft point ceſte fortune, & qu’elle fçauoir bien que le Duc n’eftoit pas fi aisé à pardonner, comme 4 il en faifoit la mine. Toutesfois la Ducheffe l’affeura qu’elle M n’auroit nul mal, & le print {ur fa vie & honneur. La fille, qui & fçauoit bien, que fa maiftreffe l’aimoir, & ne la voudroit trom- per pour rien, print confiance en fa promefle, eſtimant quele u Duc nevoudroit jamais aller contre celle feureté, ou Fhon- neur de fa femme eftoit en gaige : & ainſi s’en retourna auecla M Duchefle, Mais fi toft quele Duc lefceur, ne faillit de veniren M la chambre de fa femme, ou fi toft qu’il eut apperceu ceſte fille, diſant à fa femme, voila vne telle, qui eſt reuenuë, ſe retourna vers ſes gentils-hômmes, leur commandant la prendre & me- ner en priſon.Dont la pauure Ducheffe, qui fur fa parole Pauoit tirée hors de fa franchile, fut fi defefpcrée, qu’elle ſe meic à ge- noux deuñt luy, le ſuppliant, que, pour l’honneur de luy & de fa maiſon, 1lluy pleuft ne faire vn rel a@te, veu que pour luy obeït l’auoit tirée du lieu ou elle eftoit en {ureté.Sieft : ce que quel que priere qu’elle fceuft faire, ny raiſon qu’elle feeuft alleguer, ne peut amollir ſon dur cueur, ne vaïnere la forte opinion qu il auoit.
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LA VI. IOVRNEE DES NOVVELLES